Captive de Cindy Van Wilder

Un peu par hasard, j’ai découvert l’autrice Cindy Van Wilder : je voyais des tweets passer, et un jour, la curiosité m’a tellement piquée que j’ai décidé de m’inscrire à sa newsletter. Et puis, de fil en aiguille, est arrivé un mail parlant de son envie de partager Captive, une novella aux nombreux trigger warnings. Et vous n’imaginez pas à quel point je suis heureuse d’avoir répondu présente pour la découvrir !

Passer de l’autre côté du Miroir ne donne pas toujours accès au Pays des Merveilles…

Addie, jeune Londonienne, est brutalement enlevée un soir d’octobre. Propulsée dans un univers étrange, à la merci de créatures menaçantes qui la considèrent comme une « expérience », elle va devoir trouver le moyen de s’en sortir.
Pour elle-même comme pour son enfant à naître.

En grande fan d’Alice au pays des Merveilles, je ne pouvais pas passer à côté de ce que j’appellerai une réinterprétation, mêlée à une réécriture, mais avec une voix propre, originale et unique de l’autrice. Je dirai donc : réappropriation. Ce n’est pas simplement une fille naïve, lassée de certains aspects trop formels de la vie qui rêvasse d’un monde fantasque, bourré de créatures aussi saugrenues les unes que les autres. Non, on en est bien loin.

Cette novella est une claque, une énorme claque, et une merveille à mes yeux. Je sais que je veux déjà la relire, et je suis presque triste de ne pas pouvoir posséder le livre papier tant je sais que c’est un récit qui m’a marquée et me marquera encore longtemps, que je veux garder avec moi, sous mes yeux. Car il est vrai. Il est sincère. Il est profond. Il est sombre, il est dur, il est cruel, il est, simplement. Addie est un personnage en qui, je pense, des lecteurices peuvent se retrouver, en qui iels peuvent se transposer. Sa première histoire d’amour, ses premiers rêves brisés, son estime personnelle brisée. Une jeune femme qui va devoir se reconstruire. Et puis cette traversée du miroir. Bien sûr, on peut espérer que l’avenir sera éclairé par un soleil radieux. Mais il faut se rappeler que la vie, ce n’est pas un livre. Et cette traversée magique d’Alice est à des lustres de la traversée fracassante que va vivre Addie. Et que le lecteur/la lectrice va vivre.

Il y a une puissance des mots, mais aussi de la sémantique, de la syntaxe : rien n’est laissé au hasard. Tout est là pour impacter, pour faire vivre une émotion, mais aussi une violence. J’ai apprécié également les références (je repense, au moment où je rédige cette chronique, au film 21 grammes : tellement bouleversant). Et puis j’ai repensé aussi à la lecture d’une BD, Wonderland, dans laquelle l’univers d’Alice au pays des Merveilles est également revisité, dans un esprit plus dur, plus gore, plus cru. En fait, complètement trash.

Cindy Van Wilder exprime énormément par ses mots, où l’on sent un soin particulier quant à leurs choix, leur succession. Les émotions sont palpables, fortes, troublantes. Part de vécu personnel ou non, la novella peut toucher tout le monde, sous un aspect ou un autre : que ce soit par des échos à notre propre vie ou bien par le plaisir de découvrir un imaginaire sans limite et bluffant, puissant. Je ne vous dirai que trois mots : foncez la lire !